La guerrilla gardening est un mouvement d'activisme, utilisant le jardinage comme moyen d'action environnementaliste, pour défendre le droit à la terre, la réforme agraire, la permaculture. Le mouvement a débuté officiellement en 1973 à New York avec Liz Christy et la « guérilla verte » (green guerrilla), avec pour objectif de convertir un lotissement abandonné de Manhattan en jardin collectif.
Le mouvement existe toujours aujourd’hui. Ses membres occupent désormais des endroits abandonnés, publics ou privés, et y mettent en place des jardins de fruit et de légumes afin d'interpeller sur leur non-usage et sur le fait qu’ils peuvent être utilisés. Le but de leur action ? Revaloriser l’environnement et le lien social.
« Gaby », étudiant paysagiste de 24 ans, fait partie de la Guérilla Gardening parisienne et nous a consacré de son temps pour nous éclairer sur cette forme d’action méconnue
Comment vous est venue cette idée de revaloriser l’environnement et le lien social à travers le jardin, les plantes… ?
Le fait de planter sur des terrains qui n’appartiennent pas au guérillero est une pratique très ancienne dont le but été surtout la survie alimentaire et la protection de son environnement. Le terme “Green Guerrilla” est né à New York, dans les années 70, puis a été modifié en “Guerrilla Gardening” en 2004 par Richard Reynolds, diplômé de l’Université d’Oxford et de la Royal Horticultural Society en horticulture.
Etudiant en école de paysagiste, et activiste depuis longtemps, l’engagement dans la Guérilla Gardening m’est donc apparu comme une évidence. Cela me permet de concilier mes deux passions : le jardin et la préservation activiste de l’environnement. C’est une façon aussi de sensibiliser les gens à l’écologie, à l’importance des plantes. Cet engagement me tient beaucoup à cœur.
En quoi consiste votre action concrètement ? Pouvez-vous nous décrire une journée d’action ? (son déroulement, son organisation…) ?
L’organisation se fait souvent à l’avance et commence par un repérage des lieux. Nous répertorions les espaces et recherchons un endroit agréable où mettre en pratique nos expérimentations. Puis nous prévenons les membres de la Guérilla Gardening sur notre forum et par une newsletter. Parfois, notre action se fait aussi sur un simple coup de tête, sans organisation préalable.
Ensuite il faut réfléchir au matériel dont nous allons avoir besoin : récupération de matériaux, semis, plantes… nous mettons en place de nouveaux effets à chaque action ! Des bacs en bois ou des palettes se transforment en bancs, des jardins prennent vie dans des télés, et même dans des cuvettes de toilette ! Nous utilisons beaucoup de matériaux de récupération. Nous voulons montrer par là qu’un jardin peut s’installer n’importe où, avec peu de moyens et à faible coût.
Le nom de votre organisation est pour le moins paradoxal : “Guérilla” fait référence à la guerre, tandis que Gardening renvoie plutôt au jardin qui évoque la paix, la sérénité…Est-ce volontaire ? Si oui, pourquoi ? Que voulez-vous faire passer comme message à travers ce nom ?
Le terme a effectivement été choisi pour marquer les esprits. C’est un nom volontairement impactant. Guérilla fait référence à une bataille, et aussi à un endroit « qui ne relève pas du domaine public ». Guérilla, c’est un groupe de personnes qui se battent ensemble pour la même cause et non des personnes qui agissent seules dans leur coin. Avec la Guerilla Gardening, les petites rivières font les grands fleuves comme on dit! Nous devons nous battre contre des espaces négligés, abandonnés, manufacturés. Nous voulons aussi marquer les gens et montrer que nous pouvons aimer l’environnement tout en étant pas des écologistes « fleur bleue ».
Quelle est votre dernière action et où l’avez-vous menée ?
Nous travaillons depuis un an dans une ferme appelée la « ferme du bonheur », près de Nanterre. C’est une friche qui se trouve derrière la Défense sur la couverture de l’autoroute. Nous y étions encore la semaine dernière. Peu à peu, un jardin collectif s’y crée. Nous y consacrons beaucoup de temps et essayons de le protéger contre les grues des chantiers avoisinnants. Nous le défrichons, et y menons de nombreuses expérimentations qui serviront par la suite lors de nos actions. C’est une friche qui mérite une grande attention.
Il y a peu, nous avons également mené une action près du Canal St Martin : des modules de plantes dans des bacs qui ont malheureusement du être déplacés à cause du syndicat de l’immeuble en bas duquel nous les avions installés. C’est un bon exemple qui montre que toutes nos actions ne se passent pas toujours comme nous le souhaitons.
Enfin, nous avons participé récemment à la Guérilla Gardening internationale du tournesol : dans le monde entier, ses membres plantaient des tournesols. Une belle manière de revaloriser l’environnement et le lien social à visée internationale.
Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Nous avions bien un projet de ferme urbaine, mais celui-ci est tombé à l’eau. C’est un projet de ferme qui pourrait s’autogérer en terme de chaleur, d’alimentation en eau… et dans laquelle nous pourrions faire pousser des fruits et des légumes et même pourquoi pas élever des animaux. Le but de ce projet ? Tout simplement montrer la valeur des terrains face à la pression de l’immobilier. Avec cette ferme, nous voulons vraiment créer quelque chose de nouveau, de modulable.
Nous sommes également de plus en plus présent lors d’actions activistes de tous bords car les plantes ont une symbolique et poétique forte lors de tels évènements. Nous espérons bien continuer dans ce sens pour la synergie des combats.
Portrait chinois
Votre objet écolo fétiche ? La pioche
L’objet écolo que vous aimeriez voir inventé ? un objet qui aide à la réappropriation des espaces publics, qui soit attractif, poétique, qui soit apprécié de tous, sur lequel on pourrait cultiver des légumes et des fleurs.
Objet écolo que vous ne pourriez définitivement pas adopter ? Les plantes en plastique recyclé