Suite à l'article que j'avais fait sur l'émission de Capital, je voulais partager avec vous une limite que l'on touche dans le commerce équitable: la taille des producteurs.
Lorsqu'on a rencontré notre producteur principal, il avait 19 employés et était au bord de la faillite car lâché par son seul et unique client. Travailler avec lui était alors éminément commerce équitable. Grâce à nos commandes (et aussi aux autres clients mais on fait 50% de son chiffre d'affaire et les autres ne participent pas aux projets), il a pu mettre en place une sécurité sociale, construire une belle usine aux normes de sécurité et d'hygiène, augmenter les salaires de 40% et soutenir une école du voisinage. On est très contents de cela.
Mais ce n'est plus un petit producteur en difficulté au sens strict du terme ! Alors devrait on le pénaliser pour ce succès et arrêter de travailler avec lui? Il redeviendrait alors un producteur en difficulté (et on pourrait alors retravailler avec lui !?!!).
Voici ce qu'on a décidé chez Ideo: Oui, nous considérons que c'est du commerce équitable de travailler avec lui dans la mesure où cela nous permet d'aller voir d'autres petits producteurs en difficulté. En effet, ce premier producteur est maintenant stable et peut fournir des quantités importantes. Il a aussi moins besoin de préfinancement. Donc cela nous permet d'utiliser du temps et de l'argent pour développer des petits nouveaux, notamment dans le Sud de l'Inde et au Cambodge.
D'autre part on ne souhaite pas augmenter trop fortement les commandes chez lui pour ne pas dépasser les 40% de son chiffre d'affaire, et aussi pour transférer ces commandes sur d'autres petits producteurs en difficulté.
C'est donc une espèce de système de vases communiquants où les producteurs qui ont réussi nous permettent d'aider d'autres petits producteurs qui commencent.
En revanche, on ne trouverait pas ça très intéressant de ne travailler qu'avec des producteurs de commerce équitable déjà gros !